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lettres.

depuis peu pour trouver la cause de ce phénomène duquel vous m’écrivez ; car il y a plus de trois mois qu’un de mes amis m’en a fait voir ici une description assez ample, et m’en ayant demandé mon avis, il m’a fallu interrompre ce que j’avois en main pour examiner par ordre tous les météores, auparavant que je m’y sois pu satisfaire. Mais je pense maintenant en pouvoir rendre quelque raison, et suis résolu d’en faire un petit traité, qui contiendra l’explication des couleurs de l’arc-en-ciel, lesquelles m’ont donné plus de peine que tout le reste, et généralement de tous les phénomènes sublunaires. C’est ce qui m’avoit donné occasion de vous demander particulièrement la description que vous avez de ce phénomène, pour savoir si elle s’accordoit avec celle que j’avois vue, et j’y trouve cette différence, que vous dites qu’il a été vu à Tivoli, ce que l’autre ne dit pas, mais bien à Frescati, qu’il nomme Tusculum en latin. Je vous prie de me mander si vous savez assurément qu’il ait paru à Tivoli et comment ce nom-là se dit en latin, car je ne le sais pas ; mais j’aurai bien le loisir d’attendre vos lettres, car je n’ai pas encore commencé à l’écrire. Au reste je vous prie de n’en parler à personne du monde, car j’ai résolu de l’exposer en public, comme un échantillon de ma philosophie, et latere post tabellam, afin de voir ce qu’on en dira. C’est une des plus belles matières que je saurois choisir,