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lettres.

plutôt dire que la terre se meut, en suivant le système de Tycho, qu’en suivant celui de Copernic, expliqué en la façon que je l’explique. Or, si on ne peut suivre aucun de ces deux, il faut revenir à celui de Ptolomée, à quoi je ne crois pas que l’église nous oblige jamais, vu qu’il est manifestement contraire à l’expérience ; et tous les passages de l’Écriture qui sont contre le mouvement de la terre ne regardent point le système du monde, mais seulement la façon de parler, en sorte que prouvant, comme je fais, que pour parler proprement il faut dire que la terre ne se meut point, en suivant le système que j’expose je satisfais entièrement à ces passages. Mais je ne laisse pas de vous avoir beaucoup d’obligation de m’avoir averti de ce qui peut être contre moi.

La raison pour laquelle je crois qu’une corde tendue, ou un arc, ou un ressort, retourne en sa direction, est que la matière subtile qui coule continuellement, ainsi qu’un torrent, par les pores des corps terrestres, ne trouvant pas si libre passage dans ces pores que de coutume, fait effort pour les remettre en leur état ordinaire ; par exemple, si les pores d’un morceau d’acier trempé sont tout ronds lorsqu’il est droit et justement de la grandeur qu’il faut pour donner passage aux parties de la matière subtile, que j’imagine aussi être rondes, ils deviendront ovales lorsqu’il sera plié, et ces