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DISCOURS SEPTIÈME. 73

selon qu’il nous sera le plus commode ; mais que, pour ce qui concerne les autres, nous n’y pouvons changer aucune chose. Puis, touchant les organes intérieurs, qui sont les nerfs et le cerveau, il est certain aussi que nous ne saurions rien ajouter par art à leur fabrique, car nous ne saurions nous faire un nouveau corps ; et si les médecins y peuvent aider en quelque chose, cela n’appartient point à notre sujet. Si bien qu’il ne nous reste à considérer que les organes extérieurs, entre lesquels je comprends toutes les parties transparentes de l’œil aussi bien que tous les autres corps qu’on peut mettre entre lui et l’objet ; et je trouve que toutes les choses auxquelles il est besoin de pourvoir avec ces organes extérieurs peuvent être réduites à quatre points, dont le premier est, que tous les rayons qui se vont rendre vers chacune des extrémités du nerf optique ne viennent, autant qu’il est possible, que d’une même partie de l’objet, et qu’ils ne reçoivent aucun changement en l’espace qui est entre deux ; car, sans cela, les images qu’ils forment ne sauraient être ni bien semblables à leur original ni bien distinctes. Le second, que ces images soient fort grandes, non pas en étendue de lieu, car elles ne sauraient occuper que le peu d’espace qui se trouve au fond de l’œil, mais en l’étendue de leurs linéaments ou de leurs traits, car il est certain qu’ils seront d’autant plus aisés à discerner qu’ils