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62 LA DIOPTRIQUE.

tervalle qui est entre ses deux mains A et C, et la grandeur des angles ACE, CAE, peut de là, comme par une géométrie naturelle, connoître où est le point E, ainsi, quand nos deux yeux RST[1] et rst sont tournés vers X, la grandeur de la ligne S et celle des deux angles XSs et XsS nous font savoir où est le point X. Nous pouvons aussi le même par l’aide d’un œil seul en lui faisant changer de place, comme si, le tenant tourné vers X, nous le mettons premièrement au point S et incontinent après au point s, cela suffira pour faire que la grandeur de la ligne Ss et des deux angles XSs et XsS se trouvent ensemble en notre fantaisie et nous fassent apercevoir la distance du point X ;

Figure 16.


et ce par une action de la pensée qui, n’étant qu’une imagination toute simple, ne laisse point d’envelopper en soi un raisonnement tout semblable à celui que font les arpenteurs lorsque, par le moyen de deux différentes stations, ils mesurent les lieux inaccessibles. Nous avons encore une autre façon d’apercevoir la distance, à savoir par la distinction ou confusion de la figure, et ensemble par la force ou débilité de la lumière. Comme, pendant que nous regardons fixement vers X[2] les rayons qui viennent des objets 10 et 12 ne s’assemblent pas si exactement vers R et vers T au fond de notre œil, que si ces objets étoient aux points V et Y, d’où

Figure 14.
  1. Figure 16.
  2. Figure 14.