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elle, si elle se meut par degrés, comme en cet exemple (fig. 19).

La syncope se fait lorsque, dans une partie, la fin d’une note est entendue en même temps que le commencement d’une note de la partie opposée, comme on peut voir en cet exemple, où le dernier temps de la note B n’est pas d’accord avec le commencement de la note C : ce qu’on souffre néanmoins, à cause que l’oreille est encore remplie du son de la note A, avec qui elle étoit d’accord ; et ainsi B est au respect de C, comme une voix seulement relative, dans laquelle on souffre les dissonances. Leur variété même fait que les accords entre lesquels elles sont mêlées en sont mieux entendus, et réveillent l’attention ; car la dissonance BC fait qu’on s’attend à quelque chose, de nouveau, et qu’on tient son jugement en suspens, touchant la beauté de la symphonie, jusques à ce qu’on entende la note D, où l’oreille commence à se satisfaire, et encore davantage en E, avec laquelle après que la fin de la note D a entretenu l’attention, la note F, qui lui succède aussitôt, fait un accord parfait, à savoir une octave.

On se sert de ces syncopes dans les cadences, parcequ’on goûte mieux ce qu’on a désiré longtemps. Ainsi le son se repose et s’arrête plus doucement dans un accord parfait ou un unisson, lorsque quelque dissonance les précède ; les de-