Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/497

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Or la raison pourquoi cela s’observe plutôt dans le mouvement ou passage des consonnances imparfaites aux parfaites que dans celui des parfaites aux imparfaites, est que, lorsque nous entendons un accord imparfait, l’oreille en attend un autre plus parfait où elle se plaise et se repose davantage ; et elle s’y porte par une inclination qui lui est naturelle, ce qui fait qu’on doit se servir de la plus proche consonnance comme de celle qu’elle désire ; mais au contraire, lorsqu’on en entend une parfaite, on n’en attend point une autre plus imparfaite, de sorte qu’il importe peu de laquelle on se serve. Cette règle néanmoins ne s’observe pas toujours, et je ne puis à présent me ressouvenir par quels accords et par quels mouvements on passe plus aisément à d’autres. Tout cela dépend de la pratique et de l’usage, et qui étant une fois su, il est aisé à mon avis d’en connoître les raisons par tout ce que nous avons dit, ainsi que j’en ai découvert autrefois plusieurs qui m’ont échappé de la mémoire dans l’embarras de mes voyages.

En cinquième lieu, on doit tellement contenter l’oreille à la fin de la pièce, qu’elle ne s’attende plus à rien, et qu’elle s’aperçoive que la chanson est achevée ; ce qu’on pourra faire par certains ordres de tons qui finissent toujours par des accords parfaits, que l’on appelle vulgairement cadences. On en peut voir de toutes les espèces chez Zarlin,