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Or si les mesures étoient plus inégales, l’oreille ne pourroit qu’avec peine et grande application connoître leurs différences, ainsi que l’expérience nous enseigne ; car si je voulais mettre cinq notes égales en valeur contre une seule, on ne pourrait la chanter qu’avec difficulté.

Mais vous direz peut-être qu’on en peut mettre quatre ou même huit contre une : donc, etc... À quoi je réponds que ces nombres ne sont pas nombres premiers entre eux, et partant ne produisent pas de nouvelles proportions, mais seulement multiplient la raison double ; ce qu’on peut aisément connoître, parce qu’on ne s’en peut servir, sinon étant prises deux à deux. Car je ne puis me servir de ces notes seules A ( fig. 3) dont la seconde n’est que le quart de la première, mais bien de celles-ci B, où les deux dernières font la moitié de la première. Ainsi la proportion de l’un à l’autre est seulement la double multipliée.

De ces deux sortes de proportions dans le temps sont venues les deux mesures qui sont en usage dans la musique, savoir, par la division en trois temps, et celle qui se fait en deux temps. Or cette division est marquée par un mouvement de la main, qu’on appelle batterie, qui se fait pour soulager notre imagination, et par laquelle on peut connaître plus aisément tous les membres d’une