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TRAITÉ

avec cet instrument, lequel s’appelle la vis sans fin, que trois cents hommes sans lui ; pourvu derechef qu’on en rabatte la difficulté qu’on peut avoir à le tourner, qui n’est pas proprement causée par la pesanteur du fardeau, mais par la forme ou la matière de l’instrument, et cette difficulté est en lui plus sensible qu’aux précédents, d’autant qu’il a plus de force.

LE LEVIER.

J’ai différé à parler du levier jusqu’à la fin, à cause que c’est l’engin pour lever des fardeaux le plus difficile de tous à expliquer.

Supposons que CH (fig. 6) est un levier tellement arrêté au point O (par le moyen d’une cheville de fer qui passe au travers ou autrement) qu’il puisse tourner autour de ce point O, sa partie C décrivant le demi-cercle ABCDE et sa partie H le demi-cercle FGHIK, et que le poids qu’on veut lever par son moyen étant en H et la force en C, la ligne CO soit posée triple de OH ; puis considérant que pendant que la force qui meut ce levier décrit tout le demi-cercle ABCDE et agit suivant cette ligne ABCDE, bien que le poids décrive aussi le demi-cercle FGHIK, il ne se hausse pas toutefois de la longueur de cette ligne courbe FGHIK, mais seulement de la longueur de la ligne droite FK ; de façon que la proportion que doit avoir la force