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DISCOURS QUATRIÈME. 35

jusques à l’âme dans le cerveau : car on voit divers accidents qui, ne nuisant à rien qu’à quelque nerf, ôtent le sentiment de toutes les parties du corps où ce nerf envoie ces branches sans rien diminuer de celui des autres. Mais, pour savoir plus particulièrement en quelle sorte l’âme, demeurant dans le cerveau, peut ainsi, par l’entremise des nerfs, recevoir les impressions des objets qui sont au dehors, il faut distinguer trois choses en ces nerfs, à savoir, premièrement, les peaux qui les enveloppent, et qui, prenant leur origine de celles qui enveloppent le cerveau, sont comme de petits tuyaux divisés en plusieurs branches qui se vont épandre çà et là par tous les membres en même façon que les veines et les artères ; puis, leur substance intérieure qui s’étend en forme de petits filets tout le long de ces tuyaux depuis le cerveau, d’où elle prend son origine, jusques aux extrémités des autres membres où elle s’attache, en sorte qu’on peut imaginer en chacun de ces petits tuyaux plusieurs de ces petits filets indépendants les uns des autres ; puis, enfin, les esprits animaux, qui sont comme un air ou un vent très subtil, qui, venant des chambres ou concavités qui sont dans le cerveau, s’écoule par ces mêmes tuyaux dans les muscles. Or les anatomistes et médecins avouent assez que ces trois choses se trouvent dans les nerfs ; mais il ne me semble point qu’aucun d’eux en ait encore bien