Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/309

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soient plus loin que le point A ; et, encore que le point B ne soit pas ici représenté si proche des soleils L et M que du centre de la nue, cela n’empêche pas que la règle que j’ai tantôt dite touchant le lieu ou ils doivent paroître n’y fût observée ; car le spectateur étant plus proche de l’arc LVM que des autres parties du cercle l’a dû juger plus grand; à comparaison d’elles, qu’il n’étoit; outre que sans doute ces nues ne sont jamais extrêmement rondes, bien qu’elles paraissent à l’œil être telles.

Mais il y a encore ici deux choses assez remarquables. La première est que le soleil N qui étoit vers le couchant, ayant une figure changeante et incertaine jetoit hors de soi comme une grosse queue de feu NOP, qui paroissoit tantôt plus longue tantôt plus courte. Ce qui n’étoit sans doute autre chose sinon que l’image, du soleil étoit ainsi contrefaite et irrégulière vers N, comme on la voit souvent lorsqu’elle nage dans une eau un peu tremblante, ou qu’on la regarde au travers d’une vitre dont les superficies sont inégales. Car la glace étoit vraisemblablement un peu agitée en cet endroit-là, et n’y avoit pas ses superficies si régulières pourcequ’elle y commençoit à se dissoudre, ainsi qu’il se prouve de ce que le cercle blanc étoit rompu et comme nul entre M et N, et que le soleil N disparut avant le soleil K, qui sembloit se fortifier à mesure que l’autre se dissipoit.