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DISCOURS HUITIÈME - Page 269

ceux dont j’ai parlé qui fassent paroître quelques couleurs. Et pour la résoudre, j’ai cherché s’il n’y avoit point quelque autre sujet où elles parussent en même sorte, afin que, par la comparaison de l’un et de l’autre, je pusse mieux juger de leur cause.

Puis, me souvenant qu’un prisme ou triangle de cristal en fait voir de semblables, j’en ai considéré un qui étoit tel qu’est ici MNP[1], dont les deux superficies MN et NP sont toutes plates, et inclinées l’une sur l’autre, selon un angle d’environ 30 ou 40 degrés, en sorte que si les rayons du soleil ABC traversent MN à angles droits, ou presque droits, et ainsi n’y souffrent aucune sensible réfraction, ils en doivent souffrir une assez grande en sortant par NP. Et couvrant l’une de ces deux superficies d’un corps obscur, dans lequel il y avoit une ouverture assez étroite, comme DE, j’ai observé que les rayons, passant par cette ouverture et de là s’allant rendre sur un linge ou papier blanc FGH, y peignent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et qu’ils y peignent toujours le rouge vers F, et le bleu ou le violet vers H. D’où j’ai appris, premièrement, que la courbure des superficies des gouttes d’eau n’est point nécessaire à la production de ces couleurs, car celles de ce cristal sont toutes plates; ni la grandeur de l’angle sous lequel elles paraissent, car il peut ici être changé

  1. figure 20