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DISCOURS HUITIÈME - Page 268

trouvé que c’étoient les rayons du soleil qui, venant de A vers B , se courboient en entrant dans l’eau au point B, et allaient vers C, d'où ils se réfléchissoient vers D, et là, se courbant derechef en sortant de l’eau , tendoient vers E ; car sitôt que je mettais un corps opaque ou obscur en quelque endroit des lignes AB, BC, CD ou DE, cette couleur rouge disparaissoit ; et quoique je couvrisse toute la boule, excepté les deux points B et D, et que je misse des corps obscurs partout ailleurs, pourvu que rien n’empêchât l’action des rayons ABCDE, elle ne laissoit pas de paroître. Puis cherchant aussi ce qui étoit cause du rouge qui paroissoit vers K, j’ai trouvé que c’étoient les rayons venoient de F vers G, où ils se courboient vers H, et en H se réfléchissoient vers I, et en I se réfléchissoient derechef vers K, puis enfin se courboient au point K et tendoient vers I. De façon que le premier arc-en-ciel, est causé par des rayons qui parviennent à l’œil après deux réfractions et une réflexion, et le second par d’autres·rayons qui n’y parviennent qu’après deux réfractions et deux réflexions ; ce qui empêche qu’il ne paroisse tant que le premier.

Mais la principale difficulté restoit encore, qui étoit de savoir pourquoi, y ayant plusieurs autres rayons qui, après deux réfractions et une ou deux réflexions, peuvent tendre vers l’œil quand cette boule est en autre situation, il n’y a toutefois que