Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/265

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lait, ou du sang, ou de la chair ; ou bien qui, en se brûlant devient telle qu’on la prenne pour du fer, ou des pierres ; ou enfin qui, en se corrompant, engendre quelques petits animaux en peu de temps, ainsi qu’on lit souvent, entre les prodiges, qu’il a plu du fer, ou du sang, ou des sauterelles, ou choses semblables. De plus, sans qu’il y ait en l’air aucune nue, les exhalaisons peuvent être entassées et embrasées par le seul souffle des vents, principalement lorsqu’il y en a deux ou plusieurs contraires qui se rencontrent ; et enfin sans vents et sans nues, par cela seul qu’une exhalaison subtile et pénétrante, qui tient de la nature des sels, s’insinue dans les pores d’une autre qui est grasse et ensoufrée, il se peut former des flammes légères tant au haut qu’au bas de l’air, comme on y voit au haut ces étoiles qui le traversent, et au bas tant ces ardents ou feux follets qui s’y jouent, que ces autres qui s’arrêtent à certains corps comme aux cheveux des enfants, ou au crin des chevaux, ou aux pointes des piques qu’on a frottées d’huile pour les nettoyer, ou à choses semblables. Car il est certain que non seulement une violente agitation, mais souvent aussi le seul mélange de deux divers corps est suffisant pour les embraser, comme on voit en versant de l’eau sur de la chaux, ou renfermant du foin avant qu’il soit sec, ou en une infinité d’autres exemples qui se rencontrent tous les jours