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du tonnerre, et même aussi quelquefois sans que les nues soient assez épaisses pour être visibles. Comme au contraire, s’il n’y a point en l’air d’exhalaisons qui soient propres à s’enflammer, on peut ouïr le bruit du tonnerre sans qu’il paraisse pour cela aucun éclair ; et lorsque la plus haute nue ne tombe que par pièces qui s’entre-suivent, elle ne cause guère que des éclairs et du tonnerre ; mais lorsqu’elle tombe tout entière et assez vite, elle peut causer avec cela des tourbillons et de la foudre : car il faut remarquer que ses extrémités, comme C[1] et D, se doivent abaisser un peu plus vite que le milieu, d’autant que l’air qui est dessous ayant moins de chemin à faire pour en sortir leur cède plus aisément, et ainsi que, venant à toucher la nue inférieure plus tôt que ne fait le milieu, il s’enferme beaucoup d’air entre deux, comme on voit ici vers E ; puis cet air étant pressé et chassé avec grande force par ce milieu de la nue supérieure qui continue encore à descendre, il doit nécessairement rompre l’inférieure pour en sortir, comme on voit vers F, ou entr’ouvrir quelqu’une de ses extrémités, comme on voit vers G ; et lorsqu’il a rompu ainsi cette nue, il descend avec grande force vers la terre, puis de là remonte en tournoyant, à cause qu’il trouve de la résistance de tous côtés qui l’empêche de conti-

  1. Figures I7 et 18.