Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/259

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mières à descendre, en abattront ou entraîneront avec soi quantité d’autres, qui tomberont aussitôt toutes ensemble avec un grand bruit sur l’inférieure ; en même façon que je me souviens d’avoir vu autrefois dans les Alpes, environ le mois de mai, que les neiges étant échauffées et appesanties par le soleil, la moindre émotion d’air étoit suffisante pour en faire tomber subitement de gros tas, qu’on nommoit, ce me semble, des avalanches, et qui, retentissant dans les vallées, imitoîent assez bien le bruit du tonnerre. Ensuite de quoi on peut entendre pourquoi il tonne plus rarement en ces quartiers l’hiver que l’été ; car il ne parvient pas alors si aisément assez de chaleur jusqu’aux plus hautes nues pour les dissoudre ; et pourquoi, lorsque, pendant les grandes chaleurs, après un vent septentrional qui dure fort peu, on sent derechef une chaleur moite et étouffante, c’est signe qu’il suivra bientôt du tonnerre ; car cela témoigne que ce vent septentrional, ayant passé contre la terre, en a chassé la chaleur vers l’endroit de l’air où se forment les plus hautes nues, et qu’en étant après chassé lui-même vers celui où se forment les plus basses, par la dilatation de l’air inférieur que causent les vapeurs chaudes qu’il contient, non seulement les plus hautes, en se condensant, doivent descendre, mais aussi les plus basses, demeurant fort rares, et