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posées de petits nœuds ou pelotons, mais qu’il y en avoit auss qui n’étoient faites que de filets confusément entremêlés. Pour la cause qui faisoit descendre ces étoiles, la violence du vent qui continua tout ce jour-là me la rendoit fort manifeste, car je jugeois qu’il pouvoit aisément les désarranger et rompre les feuilles qu’elles composoient après les avoir faites ; et que, sitôt qu’elles étoient ainsi désarrangées, penchant quelqu’un de leurs côtés vers la terre, elles pouvoient facilement fendre l’air, à cause qu’elles étoient toutes plates et se trouvoient assez pesantes pour descendre. Mais s’il tombe quelquefois de ces étoiles en temps calme, c’est que l’air de dessous en se resserrant attire à soi toute la nue, ou que celui de dessus en se dilatant le pousse en bas, et par même moyen les désarrange, d’où vient que pour lors elles ont coutume d’être suivies de plus de neige, ce qui n’arriva point ce jour-là. Le matin suivant il tomba des flocons de neige qui sembloient être composés d’un nombre infini de fort petites étoiles jointes ensemble : toutefois, en y regardant de plus près, je trouvai que celles du dedans n’étoient pas si régulièrement formées que celles du dessus, et qu’elles pouvoient aisément procéder de la dissolution d’une nue semblable à celle qui a été ci-dessus marquée G[1]. Puis, cette neige ayant cessé, un vent

  1. Figure 14.