Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/239

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transparente sembloient presque noirs, elles paroissoient manifestement être faites d’une neige fort subtile qui s’étoit attachée autour d’eux depuis qu’ils étoient formés, ainsi que s’attache la gelée blanche autour des plantes. Et je connus ceci d’autant plus clairement de ce que tout à la fin j’en rencontrai un ou deux qui avoient autour de soi plusieurs petits poils sans nombre, composés d’une neige plus pâle et plus subtile que celle des petites dents qui étoient autour des autres, en sorte qu’elle lui pouvoit être comparée en même façon que la cendre non foulée dont se couvrent les charbons en se consumant, à celle qui est recuite et entassée dans le foyer. Seulement avois-je de la peine à imaginer qui pouvoit avoir formé et compassé si justement ces six dents autour de chaque grain dans le milieu d’un air libre, et pendant l’agitation d’un fort grand vent, jusques à ce qu’enfin je considérai que ce vent avoit pu facilement emporter quelques uns de ces grains au-dessous ou au-delà de quelque nue, et les y soutenir, à cause qu’ils étoient assez petits, et que là ils avoient dû s’arranger en telle sorte que chacun d’eux fût environné de six autres situés en un même plan, suivant l’ordre ordinaire de la nature ; et de plus qu’il étoit bien vraisemblable que la chaleur qui avoit dû être un peu auparavant au haut de l’air pour causer la pluie que j’avois observée, y avoit