Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/229

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Au reste, ce que j’ai tantôt dit que la figure du circuit de chaque nue est ordinairement fort irrégulière et inégale, ne se doit entendre que de celles qui occupent moins d’espace en hauteur et en largeur que les vents qui les environnent ; car il se trouve quelquefois si grande abondance de vapeurs en l’endroit où deux ou plusieurs vents se rencontrent, qu’elles contraignent ces vents de tournoyer autour d’elles au lieu de passer au-dessus ou au-dessous, et ainsi qu’elles forment une nue extraordinairement grande, qui, étant également pressée de tous côtés par ces vents, devient toute ronde et fort unie en son circuit, et même qui, lorsque ces vents sont un peu chauds ou bien qu’elle est exposée à la chaleur du soleil, y acquiert comme une écorce ou une croûte de plusieurs parcelles de glace jointes ensemble, qui peut devenir assez grosse et épaisse sans que sa pesanteur la fasse tomber, à cause que tout le reste de la nue la soutient.