Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assez semblable s’arrangent en cette sorte, ainsi que vous pourrez voir par expérience en jetant confusément un rang ou deux de perles rondes toutes défilées sur une assiette, et les ébranlant ou soufflant seulement un peu decontre, afin qu’elles approchent les unes des autres. Mais notez que je ne parle ici que des superficies du dessous ou du dessus, et non point de celles des côtés, à cause que l’inégale quantité de matière que les vents peuvent pousser decontre à chaque moment, ou en ôter, rend ordinairement la figure de leur circuit fort irrégulière, et inégale. Je n’ajoute point aussi que les petits nœuds de glace qui composent le dedans de la nue G se doivent arranger en même façon que ceux des superficies, à cause que ce n’est pas une chose du tout si manifeste. Mais je désire que vous considériez encore ceux qui se peuvent aller arrêter au-dessous d’elle après qu’elle est toute formée ; car si, pendant qu’elle demeure suspendue en l’espace G, il sort quelques vapeurs des endroits de la terre qui sont vers A, lesquelles, se refroidissant en l’air peu à peu, se convertissent en petits nœuds de glace que le vent chasse vers L, il n’y a point de doute que ces nœuds s’y doivent arranger en telle sorte que chacun d’eux soit environné de six autres qui le pressent également et soient en même plan, et ainsi composer premièrement comme une feuille qui s’étende sous la superficie de cette nue, puis