Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saison ne le requiert, dépendent des vents, non seulement de ceux qui sont aux mêmes régions où se font ces changements, mais aussi de ceux qui en sont proches, et des diverses causes dont ils procèdent. Car, par exemple, si pendant que nous sentons ici au vent de midi, qui, ne procédant que de quelque cause particulière, et ayant son origine fort près d’ici, n’amène pas beaucoup de chaleur, il y en a un de nord aux pays voisins qui vienne d’assez loin ou d’assez haut, la matière très subtile que celui-ci amène avec soi peut aisément parvenir jusques à nous, et y causer un froid extraordinaire ; et ce vent de midi, ne sortant que du lac voisin, peut être fort humide, au lieu que s’il venoit des campagnes désertes qui sont au-delà, il seroit plus sec ; et, n’étant causé que par la dilatation des vapeurs de ce lac, sans que la condensation d’aucunes autres qui soient vers le septentrion y contribue, il doit rendre notre air bien plus épais et plus pesant que s’il n’était causé que par cette condensation, sans qu’il se fit aucune dilatation de vapeur vers midi. À quoi si nous ajoutons que la matière subtile et les vapeurs qui sont dans les pores de la terre, prenant divers cours, y font aussi comme des vents qui amènent avec soi des exhalaisons de toutes sortes, selon les qualités des terres par où ils passent, et outre cela que les nuées, en s’abaissant, peuvent causer un vent qui chasse