Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/184

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durs, et se joindre à eux, à cause qu’étant une fois entrées dans leurs pores, elles n’auront pu si facilement en ressortir que celles qui sont égales et droites. Mais celles-ci, se tenant couchées de travers l’une sur l’autre, donnent moyen à celles de l’eau douce, qui sont en perpétuelle agitation, de se rouler et de s’entortiller autour d’elles, s’y arrangeant et s’y disposant en certain ordre qui fait qu’elles peuvent continuer à se mouvoir plus aisément et plus vite que si elles étoient toutes seules : car, lorsqu’elles sont ainsi roulées autour des autres, la force de la matière subtile qui les agite n’est employée qu’à faire qu’elles tournent fort promptement autour de celles qu’elles embrassent, et qu’elles passent ça et là de l’une sur l’autre, sans pour cela changer aucun de leurs plis ; au lieu qu’étant seules, comme elles sont lorsqu’elles composent l’eau douce, elles s’entrelacent nécessairement en telle sorte qu’il est besoin qu’une partie de cette force de la matière subtile soit employée à les plier, pour les dégager les unes des autres ; et ainsi elle ne les peut faire mouvoir pour lors facilement ni si vite. Étant donc vrai que ces parties de l’eau douce peuvent mieux se mouvoir étant roulées autour de celles du sel qu’étant seules, ce n’est pas merveille qu’elles s’y roulent lorsqu’elles en sont assez proches, et qu’après, les tenant embrassées, elles empêchent que l’inégalité de leur