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DISCOURS NEUVIÈME. 121

vous souveniez de la façon dont je vous ai ci-dessus fait concevoir la nature de la lumière ; lorsque j’ai dit qu’elle n’étoit autre chose dans les corps transparents que l’action ou inclination à se mouvoir d’une certaine matière très subtile qui remplit leurs pores, et que vous pensiez que les pores de chacun de ces corps transparents sont si unis et si droits que la matière subtile qui peut y entrer coule facilement tout du long sans y rien trouver qui l’arrête ; mais que ceux de deux corps transparents de diverse nature, comme ceux de l’air et ceux du verre ou du cristal, ne se rapportent jamais si justement les uns aux autres qu’il n’y ait toujours plusieurs des parties de la matière subtile qui, par exemple, venant de l’air vers le verre, s’y réfléchissent, à cause qu’elles rencontrent les parties solides de sa superficie : et tout de même, venant du verre vers l’air, se réfléchissent et retournent au dedans de ce verre, à cause qu’elles rencontrent les parties solides de la superficie de cet air ; car il y en a aussi beaucoup en l’air qui peuvent être nommées solides à comparaison de cette matière subtile. Puis, en considérant que les parties solides du cristal sont encore plus grosses que celles du verre et ses pores plus serrés, ainsi qu’il est aisé à juger de ce qu’il est plus dur et plus pesant, on peut bien penser qu’il doit causer ses réflexions encore plus fortes, et par conséquent