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conduit se replie, et par ce moyen forme une valvule. Cela se voit dans les intestins, à l’endroit où les excréments déjà assemblés ont coutume de résister au cours de ceux qui descendent ; cela se voit aussi dans les conduits du fiel, et encore plus évidemment dans les veines, aux endroits où la pesanteur du sang qui le porte vers les extrémités des jambes, des bras, ou des autres parties, résiste souvent à son cours ordinaire, qui le porte de ces extrémités vers le cœur. Ensuite de quoi on ne pourra ci-après trouver étrange si je dis que les esprits forment aussi des valvules dans les nerfs, aux entrées et sorties des muscles, encore que leur petitesse les empêche d’être aperçues de nos sens.

72. En quoi consiste la chaleur du cœur, et comment se fait son mouvement.

Une autre chose qui me semble devoir être ici considérée, c’est en quoi consiste la chaleur du cœur, car d’autant qu’il ne cesse point de battre pendant qu’il a vie, il semble que toutes ses fibres se devraient rendre si pliables à ce mouvement, qu’il leur pourroit facilement être redonné par une force extérieure, lorsqu’il est mort et refroidi ; toutefois nous voyons, au contraire, qu’alors il demeure roide, en la figure qu’il a eue auparavant en sa systole, c’est-à -dire entre deux de ses battements, sans qu’il soit aisé de lui redonner celle qu’il a eue en sa diastole, c’est-à-dire aux moments qu’il battoit la poitrine. Dont la raison est que ce mou-