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glissantes qui, coulant au-dessous des aériennes, vont en tournant vers le devant de la tête, où elles commencent à former les yeux.

Je ne remarque aussi qu’une notable différence entre les particules des esprits qui excèdent en grosseur, qui est que quelques unes ont des figures non pas véritablement si empêchantes que celles des aériennes (car elles n’auroient pu, à cause de leur grosseur,se mêler avec les esprits ), mais néanmoins irrégulières et inégales, ce qui fait qu’elles ne peuvent se mouvoir en suite les unes des autres, mais qu’étant environnées de la matière subtile, elles suivent son agitation ; et ainsi ayant plus de force que toutes les autres, à cause qu’elles sont plus massives, elles sortent du milieu du cerveau par le chemin le plus court, et se vont rendre vers les oreilles, où, emmenant avec soi quelques particules aériennes, elles commencent à former les organes de l’ ouïe ; et les autres, au contraire, ont des figures unies et glissantes, qui sont cause qu’elles s’accordent facilement à se mouvoir en suite les unes des autres, ainsi que les particules des eaux, et par conséquent d’un mouvement plus tardif que le reste des esprits ; ce qui fait qu’elles descendent par la base du cerveau vers la langue, la gorge et le palais, où elles préparent le chemin aux nerfs qui doivent être les organes du goût.

43. De l'attouchement.

Outre ces quatre notables différences, qui font