Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/466

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ple, que lorsqu’on est jeune, à cause que les petits filets qui composent les parties solides ne sont pas encore fort étroitement joints les uns aux autres, et que les ruisseaux par où coulent les parties fluides sont assez larges, le mouvement de ces petits filets est moins lent que lorsqu’on est vieux, et il s’attache plus de matière à leurs racines qu’il ne s’en détache de leurs extrémités, ce qui fait qu’ils s’alongent davantage, qu’ils se fortifient et se grossissent, au moyen de quoi le corps croît.

22. Comment on engraisse, et comment on maigrit.

Et lorsque les humeurs qui coulent entre ces petits filets ne sont pas en grande quantité, elles passent toutes assez vite par les ruisseaux qui les contiennent ; au moyen de quoi le corps s’alonge, et les parties solides croissent sans s’engraisser. Mais lorsque ces humeurs sont fort abondantes, elles ne peuvent couler si aisément entre les petits filets des membres solides, ce qui fait que celles de leurs parties qui ont des figures fort irrégulières en forme de branches, et qui par conséquent passent le plus difficilement de toutes entre ces filets, s’arrêtent parmi eux peu à peu, et y font de la graisse, laquelle ne croît pas dans le corps, ainsi que la chair, par une nourriture proprement dite, mais seulement parceque plusieurs de ses parties se joignent ensemble en s’arrêtant les unes aux autres, ainsi que font celles des choses mortes.

Et lorsque les humeurs deviennent derechef