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TROISIÈME PARTIE.

DE LA NUTRITION

19. Que quelques parties du sang sortent des artères lorsqu'elles s'enflent.

Lorsqu’on sait que le sang est ainsi continuellement dilaté dans le cœur, et de là poussé avec effort par les artères en toutes les autres parties du corps, d’où il retourne après par les veines vers le cœur, il est aisé à juger que c’est plutôt lorsqu’il est dans les artères, que non pas lorsqu’il est dans les veines, qu’il sert à nourrir tous les membres : car, encore que je ne veuille pas nier que pendant qu’il coule des extrémités des veines vers le cœur il n’y ait quelques unes de ses parties qui passent par les pores de leurs peaux et s’y attachent, comme il arrive particulièrement dans le foie y lequel est sans doute nourri du sang des veines, à cause qu’il ne reçoit presque point d’artères ; toutefois, partout ailleurs où il y a des artères qui accompagnent les veines, il est évident que le sang que contiennent ces artères étant plus subtil et poussé avec plus de force que celui des veines, il en sort plus facilement pour s’attacher aux autres parties, sans que l’épaisseur de leurs peaux en empêche, à cause qu’à leurs extrémités leurs peaux ne sont guère plus épaisses