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imagine, s’il veut, en ce bois la forme du feu, la qualité de la chaleur et l’aetion qui le brûle, comme des choses toutes diverses, pour moi, qui crains de me tromper si j’y suppose quelque chose de plus que ce que je vois nécessairement y devoir être, je me contente d’y concevoir le mouvement de ses parties : car mettez-y du feu, mettez-y de la chaleur, et faites qu’il brûle tant qu’il vous plaira, si vous ne supposez point avec cela qu’il y ait aucune de ses parties qui se remue, ni qui se détache de ses voisines, je ne me saurois imaginer qu’il reçoive aucune altération ni changement ; et au contraire, ôtez-en le feu, ôtez-en la chaleur, empêchez qu’il ne brûle, pourvu seulement que vous m’accordiez qu’il y a quelque puissance qui remue violemment les plus subtiles de ses parties, et qui les sépare des plus grossières, je trouve que cela seul pourra faire en lui tous les mêmes changements qu’on expérimente quand il brûle.

Or, d’autant qu’il ne me semble pas possible de concevoir qu’un corps en puisse remuer un autre, si ce n’est en se remuant aussi soi-même, je conclus de ceci que le corps de la flamme qui agit contre le bois est composé de petites parties qui se remuent séparément l’une de l’autre d’un mouvement très prompt et très violent, et qui, se remuant en cette sorte, poussent et remuent avec soi les parties des corps qu’elles touchent, et qui