Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

biens est jointe à leur disgrâce, il se trouve des personnes charitables qui leur en donnent.

Art. 208. Du dégoût.

Le dégoût est une espèce de tristesse qui vient de la même cause dont la joie est venue auparavant. Car nous sommes tellement composés, que la plupart des choses dont nous jouissons ne sont bonnes à notre égard que pour un temps, et deviennent par après incommodes. Ce qui paraît principalement au boire et au manger, qui ne sont utiles que pendant qu’on a de l’appétit, et qui sont nuisibles lorsqu’on n’en a plus ; et parce qu’elles cessent alors d’être agréables au goût, on a nommé cette passion le dégoût.

Art. 209. Du regret.

Le regret est aussi une espèce de tristesse, laquelle a une particulière amertume, en ce qu’elle est toujours jointe à quelque désespoir et à la mémoire du plaisir que (485) nous a donné la jouissance. Car nous ne regrettons jamais que les biens dont nous avons joui, et qui sont tellement perdus que nous n’avons aucune espérance de les recouvrer au temps et en la façon que nous les regrettons.

Art. 210.