Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui puissent être commis par des hommes, comme de trahir des villes, de tuer des princes, d’exterminer des peuples entiers, pour cela seul qu’ils ne suivent pas leurs opinions.

Art. 191. Du repentir.

Le repentir est directement contraire à la satisfaction de soi-même, et c’est une espèce de tristesse qui vient de ce qu’on croit avoir fait quelque mauvaise action ; et elle est très amère, parce que sa cause ne vient que de nous. Ce qui n’empêche pas néanmoins qu’elle ne soit fort utile lorsqu’il est vrai que l’action dont nous nous repentons est mauvaise et que nous en avons une connaissance certaine, parce qu’elle nous incite à mieux faire une autre fois. Mais il arrive souvent que les esprits faibles se repentent des choses qu’ils ont faites sans (473) savoir assurément qu’elles soient mauvaises ; ils se le persuadent seulement à cause qu’ils le craignent ; et s’ils avaient fait le contraire, ils s’en repentiraient en même façon : ce qui est en eux une imperfection digne de pitié. Et les remèdes contre ce défaut sont les mêmes qui servent à ôter l’irrésolution.

Art. 192.