Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

des causes qui étaient nécessaires pour la produire a manqué, et par conséquent qu’elle était absolument impossible et qu’il n’en est jamais arrivé de semblable, c’est-à-dire à la production de laquelle une pareille cause ait aussi manqué : en sorte que si nous n’eussions point ignoré cela auparavant, nous ne l’eussions jamais estimée possible, ni par conséquent ne l’eussions désirée. (439)

Art. 146. De ceux qui dépendent de nous et d’autrui.

Il faut donc entièrement rejeter l’opinion vulgaire qu’il y a hors de nous une fortune qui fait que les choses arrivent ou n’arrivent pas, selon son plaisir, et savoir que tout est conduit par la Providence divine, dont le décret éternel est tellement infaillible et immuable qu’excepté les choses que ce même décret a voulu dépendre de notre libre arbitre, nous devons penser qu’à notre égard il n’arrive rien qui ne soit nécessaire et comme fatal, en sorte que nous ne pouvons sans erreur désirer qu’il arrive d’autre façon. Mais parce que la plupart de nos désirs s’étendent à des choses qui ne dépendent pas toutes de nous ni toutes d’autrui, nous devons exactement distinguer en elles ce qui ne dépend que de nous, afin de n’étendre notre désir qu’à cela seul ; et pour le surplus, encore que