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des pensées qui sont pleines d’aigreur et d’amertume.

Art. 104. En la joie.

En la joie ce ne sont pas tant les nerfs de la rate, du foie, de l’estomac ou des intestins qui agissent, que ceux qui sont en tout le reste du corps, et particulièrement celui qui est autour des orifices du cœur, lequel, ouvrant et élargissant ces orifices, donne moyen au sang, que les autres nerfs chassent des veines vers le cœur, d’y entrer et d’en sortir en plus grande quantité que de coutume. Et parce que le sang qui entre alors dans le cœur y a déjà passé et repassé plusieurs fois, étant venu des artères dans les veines, il se dilate fort aisément et (406) produit des esprits dont les parties, étant fort égales et subtiles, sont propres à former et fortifier les impressions du cerveau qui donnent à l’âme des pensées gaies et tranquilles.

Art. 105. En la tristesse.

Au contraire, en la tristesse les ouvertures du cœur sont fort rétrécies par le petit nerf qui les environne, et le sang des veines n’est aucunement agité, ce qui fait qu’il en va fort peu vers le cœur ;