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des autres passions, et fournit au cerveau plus d’esprits, lesquels, passant de là dans les muscles, rendent tous les sens plus aigus et toutes les parties du corps plus mobiles.

Art. 102. Le mouvement du sang et des esprits en l’amour.

Ces observations, et plusieurs autres qui seraient trop longues à écrire, m’ont donné sujet de juger que, (404) lorsque l’entendement se représente quelque objet d’amour, l’impression que cette pensée fait dans le cerveau conduit les esprits animaux, par les nerfs de la sixième paire, vers les muscles qui sont autour des intestins et de l’estomac, en la façon qui est requise pour faire que le suc des viandes, qui se convertit en nouveau sang, passe promptement vers le cœur sans s’arrêter dans le foie, et qu’y étant poussé avec plus de force que celui qui est dans les autres parties du corps, il y entre en plus grande abondance et y excite une chaleur plus forte, à cause qu’il est plus grossier que celui qui a déjà été raréfié plusieurs fois en passant et repassant par le cœur. Ce qui fait qu’il envoie aussi des esprits vers le cerveau, dont les parties sont plus grosses et plus agitées qu’à l’ordinaire ; et ces esprits, fortifiant l’impression que la première pensée de l’objet aimable y a faite, obligent l’âme à s’arrê