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naît de l’agrément.

Au contraire, l’agrément est particulièrement institué de la nature pour représenter la jouissance de ce qui agrée comme le plus grand de tous les biens qui appartiennent à l’homme, ce qui fait qu’on désire très ardemment cette jouissance. Il est vrai qu’il y a diverses sortes d’agréments, et que les désirs qui en naissent ne sont pas tous également puissants. Car, par exemple, la beauté des fleurs nous incite seulement à les regarder, et celle des fruits à les manger. Mais le principal est celui qui vient des perfections qu’on imagine en une personne qu’on pense pouvoir devenir un autre soi-même car, avec la différence du sexe, que la nature a mise dans les hommes ainsi que dans les animaux sans raison, elle a mis aussi certaines impressions dans le cerveau qui font qu’en certain âge et en certain temps on se considère comme défectueux et comme si on n’était que la moitié d’un tout dont une personne de l’autre sexe doit être l’autre moitié, en sorte que (396) l’acquisition de cette moitié est confusément représentée par la nature comme le plus grand de tous les biens imaginables. Et encore qu’on voie plusieurs personnes de cet autre sexe, on n’en souhaite pas pour cela plusieurs en même temps, d’autant que la nature ne fait point