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OBJECTIONS ET RÉPONSES.


CINQUIÈMES OBJECTIONS,

FAITES PAR GASSENDY CONTRE LES SIX MÉDITATIONS.
M. GASSENDY À M. DESCARTES.
Monsieur,

Le révérend P. Mersenne m’a beaucoup obligé de me faire participant de ces sublimes Méditations que vous avez écrites touchant la première philosophie : car certainement la grandeur du sujet, la force des pensées et la pureté de la diction m’ont plu extraordinairement. Aussi, à vrai dire, est-ce avec plaisir que je vous vois avec tant d’esprit et de courage travailler si heureusement à l’avancement des sciences, et que vous commencez à nous découvrir des choses qui ont été inconnues à tous les siècles passés. Une seule chose m’a fâché, qu’il a désiré de moi que, si après la lecture de vos Méditations il me restoit quelques doutes ou scrupules en l’esprit, je vous en écrivisse ; car j’ai bien jugé que je ne ferois paroître autre chose que le défaut de mon esprit si je n’acquiesçois pas à vos raisons, ou plutôt ma témérité si j’osois proposer la moindre chose à l’encontre.