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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

tout entier, mais celle qui touche et environne immédiatement chacune de ses petites parties.

Il faut aussi remarquer que cette superficie n’est pas seulement remuée tout entière lorsque toute la masse du pain est portée d’un lieu en un autre, mais qu’elle est aussi remuée en partie lorsque quelques unes de ses petites parties sont agitées par l’air ou par les autres corps qui entrent dans ses pores ; tellement que s’il y a des corps qui soient d’une telle nature que quelques unes de leurs parties ou toutes celles qui les composent se remuent continuellement, ce que j’estime être vrai de plusieurs parties du pain et de toutes celles du vin, il faudra aussi concevoir que leur superficie est dans un continuel mouvement.

Enfin, il faut remarquer que par la superficie du pain ou du vin, ou de quelque autre corps que ce soit, on n’entend pas ici aucune partie de la substance, ni même de la quantité de ce même corps, ni aussi aucunes parties des autres corps qui l’environnent, mais seulement « ce terme que l’on conçoit être moyen entre chacune des particules de ce corps et les corps qui les environnent, et qui n’a point d’autre entité que la modale. »

Ainsi, puisque le contact se fait dans ce seul terme, et que rien n’est senti si ce n’est par contact, c’est une chose manifeste que de cela seul que les substances du pain et du vin sont dites être