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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

pour faire voir combien je défère au jugement de M. Arnauld, et l’estime que je fais de ses conseils.

Il reste le sacrement de l’Eucharistie, avec lequel M. Arnauld juge que mes opinions ne sauroient convenir, « parceque, dit-il, nous tenons pour article de foi que, la substance du pain étant ôtée du pain eucharistique, les seuls accidents y demeurent. » Or il pense que je n’admets point d’accidents réels, mais seulement des modes qui ne sauroient être conçus sans quelque substance en laquelle ils résident, ni par conséquent aussi exister sans elle. À laquelle objection je pourrois très facilement m’exempter de répondre, en disant que jusques ici je n’ai jamais nié qu’il y eût des accidents réels : car, encore que je ne m’en sois point servi dans la Dioptrique et dans les Météores pour expliquer les choses que je traitois alors, j’ai dit néanmoins en termes exprès dans les Météores que je ne voulois pas nier qu’il y en eût.

Et dans ces Méditations j’ai de vrai supposé que je ne les connoissois pas bien encore, mais non pas que pour cela il n’y en eût point : car la manière d’écrire analytique que j’y ai suivie permet de faire quelquefois des suppositions lorsqu’on n’a pas encore assez soigneusement examiné les choses, comme il a paru dans la première Méditation, où j’avois supposé beaucoup de choses que j’ai depuis réfutées dans les suivantes. Et certes ce n’a