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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

il conclut que, « s’il pensoit qu’il fallût rechercher la cause efficiente ou quasi efficiente de chaque chose, il chercheroit une cause différente de cette chose. »

Car comment est-ce que ceux qui ne connoissent pas encore Dieu rechercheroient la cause efficiente des autres choses pour arriver par ce moyen à la connoissance de Dieu, s’ils ne pensoient qu’on peut rechercher la cause efficiente de chaque chose ? Et comment enfin s’arrêteroient-ils à Dieu comme à la cause première, et mettroient-ils en lui la fin de leur recherche, s’ils pensoient que la cause efficiente de chaque chose dût être cherchée différente de cette chose ? Certes, il me semble que M. Arnauld a fait en ceci la même chose que si (après qu’Archimède, parlant des choses qu’il a démontrées de la sphère par analogie aux figures rectilignes inscrites dans la sphère même, auroit dit : Si je pensois que la sphère ne pût être prise pour une figure rectiligne ou quasi rectiligne dont les côtés sont infinis, je n’attribuerois aucune force à cette démonstration, parcequ’elle n’est pas véritable si vous considérez la sphère comme une figure curviligne, ainsi qu’elle est en effet, mais bien si vous la considérez comme une figure rectiligne dont le nombre des côtés est infini), si, dis-je, M. Arnauld, ne trouvant pas bon qu’on appelât ainsi la sphère, et néanmoins désirant retenir la démonstration