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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

efficiente de Dieu il faut répondre qu’il n’en a pas besoin : et derechef à celui qui demande pourquoi il n’en a pas besoin il faut répondre, parcequ’il est un Être infini duquel l’existence est son essence : car il n’y a que les choses dans lesquelles il est permis de distinguer l’existence actuelle de l’essence qui aient besoin de cause efficiente. » D’où il infère que ce que j’avois dit auparavant est entièrement renversé ; c’est à savoir « si je pensois qu’aucune chose ne peut en quelque façon être à l’égard de soi-même ce que la cause efficiente est à l’égard de son effet, jamais en cherchant les causes des choses je ne viendrois à une première ; » ce qui néanmoins ne me semble aucunement renversé, non pas même tant soit peu affoibli ou ébranlé ; car il est certain que la principale force non seulement de ma démonstration, mais aussi de toutes celles qu’on peut apporter pour prouver l’existence de Dieu par les effets, en dépend entièrement. Or presque tous les théologiens soutiennent qu’on n’en peut apporter aucune si elle n’est tirée des effets. Et partant, tant s’en faut qu’il apporte quelque éclaircissement à la preuve et démonstration de l’existence de Dieu, lorsqu’il ne permet pas qu’on lui attribue à l’égard de soi-même l’analogie de la cause efficiente, qu’au contraire il l’obscurcit et empêche que les lecteurs ne la puissent comprendre, particulièrement vers la fin, où