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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

pas être dit la cause efficiente de soi-même ; « parceque, dit-il, la cause efficiente d’une chose n’est demandée qu’à raison de son existence et jamais à raison de son essence : or est-il qu’il n’est pas moins de l’essence d’un être infini d’exister qu’il est de l’essence d’un triangle d’avoir ses trois angles égaux à deux droits ; donc il ne faut non plus répondre par la cause efficiente lorsqu’on demande pourquoi Dieu existe, que lorsqu’on demande pourquoi les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits. » Lequel syllogisme peut aisément être renvoyé contre son auteur en cette manière : quoiqu’on ne puisse pas demander la cause efficiente à raison de l’essence, on la peut néanmoins demander à raison de l’existence ; mais en Dieu l’essence n’est point distinguée de l’existence, donc on peut demander la cause efficiente de Dieu. Mais, pour concilier ensemble ces deux choses, on doit dire qu’à celui qui demande pourquoi Dieu existe, il ne faut pas à la vérité répondre par la cause efficiente proprement dite, mais seulement par l’essence même de la chose, ou bien par la cause formelle, laquelle, pour cela même qu’en Dieu l’existence n’est point distinguée de l’essence, a un très grand rapport avec la cause efficiente, et partant peut être appelée quasi cause efficiente.

Enfin il ajoute « qu’à celui qui demande la cause