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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

côtés, de même je ne pense pas pouvoir être ici repris de ce que je me suis servi de l’analogie de la cause efficiente pour expliquer les choses qui appartiennent à la cause formelle, c’est-à-dire à l’essence même de Dieu.

Et il n’y a pas lieu de craindre en ceci aucune occasion d’erreur, d’autant que tout ce qui est le propre de la cause efficiente, et qui ne peut être étendu à la cause formelle, porte avec soi une manifeste contradiction, et partant ne pourroit jamais être cru de personne, à savoir, qu’une chose soit différente de soi-même, ou bien qu’elle soit ensemble la même chose, et non la même.

Et il faut remarquer que j’ai tellement attribué à Dieu la dignité d’être la cause, qu’on ne peut pas de là inférer que je lui aie aussi attribué l’imperfection d’être l’effet : car comme les théologiens, lorsqu’ils disent que le père est le principe du fils, n’avouent pas pour cela que le fils soit principié, ainsi, quoique j’aie dit que Dieu pouvoit en quelque façon être dit la cause de soi-même, il ne se trouvera pas néanmoins que je l’aie nommé en aucun lieu l’effet de soi-même, et ce d’autant qu’on a de coutume de rapporter principalement l’effet à la cause efficiente, et de le juger moins noble qu’elle, quoique souvent il soit plus noble que ses autres causes.

Mais, lorsque je prends l’essence entière de la