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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

efficiente proprement dite, et point de cause, il y a quelque chose qui tient comme le milieu, à savoir l’essence positive d’une chose, à laquelle l’idée ou le concept de la cause efficiente se peut étendre en la même façon que nous avons coutume d’étendre en géométrie le concept d’une ligne circulaire la plus grande qu’on puisse imaginer au concept d’une ligne droite, ou le concept d’un polygone rectiligne qui a un nombre indéfini de côtés au concept du cercle.

Et je ne pense pas que j’eusse jamais pu mieux expliquer cela que lorsque j’ai dit que « la signification de la cause efficiente ne doit pas être restreinte en cette question à ces causes qui sont différentes de leurs effets, ou qui les précèdent en temps ; tant parceque ce seroit une chose frivole et inutile, puisqu’il n’y a personne qui ne sache qu’une même chose ne peut pas être différente de soi-même, ni se précéder en temps, que parceque l’une de ces deux conditions peut être ôtée de son concept, la notion de la cause efficiente ne laissant pas de demeurer tout entière. » Car qu’il ne soit pas nécessaire qu’elle précède en temps son effet, il est évident, puisqu’elle n’a le nom et la nature de cause efficiente que lorsqu’elle produit son effet, comme il a déjà été dit. Mais de ce que l’autre condition ne peut pas aussi être ôtée, on doit seulement inférer que ce n’est pas une cause effi-