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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

lement de l’unique essence de Dieu, je ne vois pas pourquoi il faille tant fuir le nom de cause, principalement lorsqu’on en est venu à ce point, qu’il semble très utile de s’en servir, et en quelque façon nécessaire. Or, ce nom ne peut être plus utilement employé que pour démontrer l’existence de Dieu ; et la nécessité de s’en servir ne peut être plus grande que si sans en user on ne la peut clairement démontrer. Et je pense qu’il est manifeste à tout le monde que la considération de la cause efficiente est le premier et principal moyen, pour ne pas dire le seul et l’unique, que nous ayons pour prouver l’existence de Dieu. Or nous ne pouvons nous en servir, si nous ne donnons licence à notre esprit de rechercher les causes efficientes de toutes les choses qui sont au monde, sans en excepter Dieu même ; car pour quelle raison l’excepterions-nous de cette recherche avant qu’il ait été prouvé qu’il existe ?

On peut donc demander de chaque chose si elle est par soi ou par autrui ; et certes par ce moyen on peut conclure l’existence de Dieu, quoiqu’on n’explique pas en termes formels et précis comment on doit entendre ces paroles, être par soi. Car tous ceux qui suivent seulement la conduite de la lumière naturelle forment tout aussitôt en eux dans cette rencontre un certain concept qui participe de la cause efficiente et de la formelle, et qui est com-