Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
OBJECTIONS ET RÉPONSES.

possible d’apporter aucune raison qui fut tirée de la nature positive de cette chose pour laquelle nous dussions concevoir qu’elle n’auroit pas besoin de cause efficiente.

Et ainsi en tous les autres endroits j’ai tellement comparé la cause formelle, ou la raison prise de l’essence de Dieu, qui fait qu’il n’a pas besoin de cause pour exister ni pour être conservé, avec la cause efficiente, sans laquelle les choses finies ne peuvent exister, que partout il est aisé de connoître de mes propres termes qu’elle est tout-à-fait différente de la cause efficiente.

Et il ne se trouvera point d’endroit où j’aie dit que Dieu se conserve par une influence positive, ainsi que les choses créées sont conservées par lui ; mais bien seulement ai-je dit que l’immensité de sa puissance ou de son essence, qui est la cause pourquoi il n’a pas besoin de conservateur, est une chose positive.

Et partant, je puis facilement admettre tout ce que M. Arnauld apporte pour prouver que Dieu n’est pas la cause efficiente de soi-même, et qu’il ne se conserve pas par aucune influence positive ou bien par une continuelle reproduction de soi-même, qui est tout ce que l’on peut inférer de ses raisons.

Mais il ne niera pas aussi, comme j’espère, que cette immensité de puissance qui fait que Dieu n’a