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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

dements. Mais ce que j’aurois le plus à craindre seroit que, ne m’étant jamais beaucoup arrêté à lire les livres des philosophes, je n’aurois peut-être pas suivi assez exactement leur façon de parler, lorsque j’ai dit que ces idées qui donnent au jugement matière ou occasion d’erreur étoient matériellement fausses, si je ne trouvois que ce mot matériellement est pris en la même signification par le premier auteur qui m’est tombé par hasard entre les mains pour m’en éclaircir ; c’est Suarez, en la Dispute IX, sect. II, no 4.

Mais passons aux choses que M. Arnauld désapprouve le plus[1], et qui toutefois me semblent mériter le moins sa censure ; c’est, à savoir où j’ai dit « qu’il nous étoit loisible de penser que Dieu fait en quelque façon la même chose à l’égard de soi-même, que la cause efficiente à l’égard de son effet. » Car, par cela même, j’ai nié ce qui lui semble un peu hardi et n’être pas véritable, à savoir que Dieu soit la cause efficiente de soi-même ; parcequ’en disant qu’il fait en quelque façon la même chose, j’ai montré que je ne croyois pas que ce fût entièrement la même ; et, en mettant devant ces paroles, il nous est tout-à-fait loisible de penser, j’ai donné à connoître que je n’expliquois ainsi ces choses qu’à cause de l’imperfection de l’esprit humain.

Mais qui plus est, dans tout le reste de mes écrits,

  1. Voyez quatrièmes objections, page 21 de ce volume.