Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
OBJECTIONS ET RÉPONSES.

ne peut jamais être assuré, si Dieu même ne lui révèle, et avoir une connoissance parfaite jusqu’à ce point que nous sachions qu’elle n’est point rendue imparfaite par aucune abstraction de notre esprit.

Ainsi, quand j’ai dit qu’il falloit concevoir pleinement une chose, ce n’étoit pas mon intention de dire que notre conception devoit être entière et parfaite, mais seulement que nous la devions assez connoître pour savoir qu’elle étoit complète. Ce que je pensois être manifeste, tant par les choses que j’avois dites auparavant, que par celles qui suivent immédiatement après : car j’avois distingué un peu auparavant les êtres incomplets de ceux qui sont complets, et j’avois dit « qu’il étoit nécessaire que chacune de ces choses qui sont distinguées réellement, fût conçue comme un être par soi et distinct de tout autre. »

Et un peu après, au même sens que j’ai dit que je concevois pleinement ce que c’est que le corps, j’ai ajouté au même lieu que je concevois aussi que l’esprit est une chose complète, prenant ces deux façons de parler, concevoir pleinement, et concevoir que c’est une chose complète, en une seule et même signification.

Mais on peut ici demander avec raison ce que j’entends par une chose complète, et comment je prouve que, pour la distinction réelle, il suffit