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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

de la figure ou du mouvement de la flèche qui la cause ; et enfin que la pesanteur, la dureté, la vertu d’échauffer, d’attirer, de purger, et toutes les autres qualités que nous remarquons dans les corps, consistent seulement dans le mouvement ou dans sa privation, et dans la configuration et arrangement des parties ; toutes lesquelles opinions étant fort différentes de celles que j’avois eues auparavant touchant les mêmes choses, je commençai après cela à considérer pourquoi j’en avois eu d’autres par ci-devant, et je trouvai que la principale raison étoit que dès ma jeunesse j’avois fait plusieurs jugements touchant les choses naturelles, comme celles qui devoient beaucoup contribuer à la conservation de ma vie, en laquelle je ne faisois que d’entrer, et que j’avois toujours retenu depuis les mêmes opinions que j’en avois eues autrefois. Et d’autant que mon esprit ne se servoit pas bien en ce bas âge des organes du corps, et qu’y étant trop attaché il ne pensoit rien sans eux, aussi n’apercevoit il que confusément toutes choses. Et bien qu’il eût connoissance de sa propre nature et qu’il n’eût pas moins en soi l’idée de la pensée que celle de l’étendue, néanmoins, pourcequ’il ne concevoit rien de purement intellectuel, qu’il n’imaginât aussi en même temps quelque chose de corporel, il prenoit l’un et l’autre pour une même chose, et rapportoit au corps toutes les notions