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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

tribuée au sens, mais au seul entendement ; et partant, dans cet exemple mérite, c’est l’entendement seul qui corrige l’erreur du sens, et il est impossible d’en apporter jamais aucun dans lequel l’erreur vienne pour s’être plus fié à l’opération de l’esprit qu’à 1a perception des sens.

[1] D’autant que les difficultés qui restent à examiner me sont plutôt proposées comme des doutes que comme des objections, je ne présume pas tant de moi que j’ose me promettre d’expliquer assez suffisamment des choses que je vois être encore aujourd’hui le sujet des doutes de tant de savants hommes. Néanmoins, pour faire en cela tout ce que je puis, et ne pas manquer à ma propre cause, je dirai ingénument de quelle façon il est arrivé que je me sois moi-même entièrement délivré de ces doutes. Car en ce faisant, si par hasard il arrive que cela puisse servir à quelques uns, j’aurai sujet vie m’en réjouir, et s’il ne peut servir à personne, au moins aurai-je la satisfaction qu’on ne me pourra pas accuser de présomption ou de témérité.

Lorsque j’eus la première fois conclu, ensuite des raisons qui sont contenues dans mes Méditations, que l’esprit humain est réellement distingué du corps, et qu’il est même plus aisé à connoître que lui, et plusieurs autres chose$ dont il est là traité, je me sentois à la vérité obligé d’y acquies-

  1. Voyez sixièmes objections, page 329 de ce volume.