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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

çon dont cela arrive : par exemple, quand un habit est appliqué sur un homme, ce n’est pas l’habit, mais être habillé qui est un accident. Et pourceque la principale raison qui a mû les philosophes à établir des accidents réels a été qu’ils ont cru que sans eux on ne pouvoit pas expliquer comment se font les perceptions de nos sens, j’ai promis d’expliquer par le menu, en écrivant de la physique, la façon dont chacun de nos sens est touché par ses objets ; non que je veuille qu’en cela ni>en aucune autre chose on s’en rapporte en mes paroles, mais parceque j’ai cru que ce que j’avois expliqué de la vue dans ma Dioptrique pouvoit servir de preuve suffisante de ce que je puis dans le reste.

[1] Quand on considère attentivement l’immensité de Dieu, on voit manifestement qu’il est impossible qu’il y ait rien qui ne dépende de lui, non seulement de tout ce qui subsiste, mais encore qu’il n’y a ordre, ni loi, ni raison de bonté et de vérité qui n’en dépende ; autrement, comme je disois un peu auparavant, il n’auroit pas été tout-à-fait indifférent à créer les choses qu’il a créées. Car, si quelque raison ou apparence de bonté eût précédé sa préordination, elle l’eût sans doute déterminé à faire ce qui étoit de meilleur : mais, tout au contraire, parcequ’il s’est déterminé à faire les

  1. Voyez sixièmes objections, page 326 de ce volume.