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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

il faut prendre garde à ces paroles, « qui se font. sous le soleil, » car elles sont souvent répétées dans tout ce livre, et dénotent toujours les choses naturelles, à l’exclusion de la subordination et dépendance qu’elles ont à Dieu, parceque Dieu étant élevé au-dessus de toutes choses, on ne peut pas dire qu’il soit, contenu entre celles qui ne sont que sous le soleil ; de sorte que le vrai sens de ce passage est que l’homme ne sauroit avoir une connoissance parfaite des choses naturelles tandis qu’il ne connoîtra point Dieu, en quoi je conviens aussi avec le Prophète. Enfin, au chap. iii ni, vers. 19, où il est dit que « l’homme et la jument passent de même façon, et aussi que l’homme n’a rien de plus que la jument, » il est manifeste que cela ne se dit qu’à raison du corps ; car en cet endroit il n’est fait mention que des choses qui appartiennent au corps ; et incontinent après il ajoute, en parlant séparément de l’âme, « qui sait si l’esprit des enfants d’Adam monte en haut, et si l’esprit des animaux descend en bas ? » c’est-à-dire, qui peut connoître par la force de la raison humaine, et à moins que de se tenir à ce que Dieu nous en a révélé, si les âmes des hommes jouiront de la béatitude éternelle ? À la vérité j’ai bien tâché de prouver par raison naturelle que l’âme de l’homme n’est point corporelle ; mais de savoir si elle montera en haut, c’est-à-dire si elle jouira de la gloire