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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

sujet mon dessein est de marquer seulement les difficultés, sans m’arrêter à une dispute plus exacte.

Premièrement, je crains que quelques uns ne s’offensent de cette libre façon de philosopher, par laquelle toutes choses sont révoquées en doute. Et de vrai notre auteur même confesse, dans sa Méthode, que cette voie est dangereuse pour les foibles esprits : j’avoue néanmoins qu’il tempère un peu le sujet de cette crainte dans l’abrégé de sa première Méditation.

Toutefois je ne sais s’il ne seroit point à propos de la munir de quelque préface, dans laquelle le lecteur fût averti que ce n’est pas sérieusement et tout de bon que l’on doute de ces choses, mais afin qu’ayant pour quelque temps mis à part toutes celles qui peuvent laisser le moindre doute, ou, comme parle notre auteur en un autre endroit, qui peuvent donner à notre esprit une occasion de douter la plus hyperbolique, nous voyions si après cela il n’y aura pas moyen de trouver quelque vérité qui soit si ferme et si assurée que les plus opiniâtres n’en puissent aucunement douter. Et aussi, au lieu de ces paroles, ne connoissant pas l’auteur de mon origine, je penserois qu’il vaudroit mieux mettre, feignant de ne pas connoître[1].

Dans la quatrième Méditation, qui traite du

  1. Descartes a suivi ce conseil.